L’UE a adopté le 22 novembre 2017 son nouveau règlement sur l’agriculture biologique, après 3 ans de négociations à 28. Point fort de ce nouveau texte : il redonne aux agriculteurs bio la possibilité d’utiliser des semences paysannes anciennes, plus faciles à produire en bio, plus nutritives et aux saveurs variées.
L’utilisation des semences paysannes, issues d’une sélection ancestrale, avait pris fin avec la révolution verte à l’après-guerre. Des variétés plus productives, mises au point dans les laboratoires des semenciers et de la recherche publique, avaient chassé des champs ces graines qui avaient même été interdites.
Première difficulté en bio : la plupart des semences de laboratoire sont conçues pour se développer avec des apports d’engrais et des traitements pesticides dont certains sont préventifs, car elles sont fragiles. Ces variétés sont donc mal adaptées à l’agriculture biologique qui exclut engrais chimiques et pesticides. D’où des rendements plus faibles et une conduite de culture plus délicate. Les semences paysannes, plus rustiques, seront plus faciles à cultiver en bio.
Des variétés mieux adaptées à la culture bio et plus riches en nutriments
Autre difficulté : le faible nombre de variétés autorisées a entraîné une grande uniformisation des cultures et des goûts. Dix variétés modernes de blé tendre représentent par exemple près de 50% des surfaces semées de cette céréale en France.
source : FranceAgriMer
En un siècle, 75% des espèces comestibles ont disparu faute d’être cultivées, selon la FAO. Malgré cela, leur diversité reste incomparable, tant pour les fruits, les légumes que pour les céréales, les légumineuses, les plantes aromatiques, etc. Il est donc probable que des saveurs et des parfums oubliés vont réapparaître dans les cuisines.
Ces semences sont également plus riches sur le plan nutritionnel. Une étude sur les tomates réalisées en 2015 a montré que les teneurs en certains nutriments sont jusqu’à 20 fois plus élevées dans les variétés anciennes (3). Globalement, les variétés de tomates autorisées contiennent 5 à 12 fois moins de nutriments que les paysannes. La tomate n’est pas un cas isolé : le même constat a été fait par exemple pour les concombres, les poivrons, les aubergines.
Grâce à son nouveau règlement adopté le 22 novembre à Bruxelles, qui entrera en application le 1er janvier 2021, l’agriculture biologique va à nouveau jouer un rôle pionnier, cette fois par la réintroduction de variétés anciennes. Si le succès est au rendez-vous, ce qui sera très probablement le cas, il n’est pas impossible que la Commission européenne ressorte le projet d’un nouveau règlement sur les semences, abandonné il y a trois ans, l’ouvrant enfin à davantage de biodiversité.
L’équipe Bjorg Bonneterre & Cie